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Mawlid Evènement

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Le Mawlid est inscrit dans la réalité de chaque être et de chaque parcelle de l'existence. Il est la trame de fond de la création qui procède de la manifestation première, celle de la Réalité Archétypique de Muhammad (Haqîqatul Muhammadiyya). Témoigner de son existence propre, c'est célébrer consciemment ou inconsciemment le Mawlid. Car ce témoignage induit rétroactivement celui de la reconnaissance de la Réalité supra-humaine du Prophète (saw) qui disait « la première création divine est ma lumière » ; « j'étais envoyé alors qu'Adam était entre l'eau et l'argile », hadith dont la suite révèle qu'il préexistait à l'eau, à l'argile et à la manifestation formelle.

Dans le Coran Dieu dit du Prophète (saw) qu'il l'a envoyé comme miséricorde pour tout l'univers, le Miséricordieux étant un nom de Dieu. Célébrer donc le Mawlid, c'est magnifier le Prophète (saw) sur les deux plans de son existence : comme réalité humaine et supra- humaine.

Sur un premier niveau, la commémoration du commun des mortels se traduit par le récit de la biographie du Prophète (saw), les lectures du Coran, les prières et invocations, les panégyriques et louanges dithyrambiques, autant d'actions de grâce qui fécondent et vivifient les sublimes nuits du Mawlid et dont le caractère traditionnel est profondément enraciné au Sénégal.

Au-delà de cet aspect festif et populaire, et au-delà de son caractère périodique et épisodique, le Mawlid doit être l'influx qui se diffuse quotidiennement et chaque instant dans notre vie qu'il doit justifier et dont il doit déterminer le cours. Chaque jour et chaque instant du croyant doivent être un moment de Mawlid, sans commune mesure avec le grégarisme que donne lieu l'afflux dans les grands centres de convergence religieux. Ce Mawlid est celui de l'élite qui nourrit un amour exclusif du Prophète (saw) qui est apparition et tension vers lui, et celui de l'élite de l'élite qui vit véritablement et pleinement ce hadith du Prophète : « nul parmi vous ne sera véritablement croyant tant qu'il ne m'aimera pas plus qu'il n'aime son père, son enfant et tous les autres hommes ». Cet amour vécu dans toute son intensité est dévoilement et réalisation, ouvrant à la compréhension du sens de sa seule présence.
Pour l'élite le contact avec le Prophète (saw) (qui peut se manifester à l'état de rêve et/ou de veille), est établi par son exaltation au moyen de sa prière pour lui, conformément à la parole divine : « Ô vous qui croyez, priez sur le Prophète ».

L'aspiration de cette élite au Prophète (saw) est justifiée par leur amour de Dieu qui enjoint à Muhammad dans le Coran « Dis ! Si vous aimez Dieu suivez-Moi, Dieu vous aimera ». Elle ne cesse donc d'imiter le Prophète (saw), le modèle par excellence conformément à cette recommandation Coranique : « vous avez dans le Prophète un modèle parfait ».

Cette imitation du Prophète (saw) passe par une négation de ce que nous prétendons être qui n'est qu'une seconde nature dégradée. Elle est activement vécue par la participation à la grande guerre sainte (jihad) qui est comme le disait le Prophète (saw) le jihad contre les passions perverses de l'âme. La célébration du Mawlid pour cette élite est donc tension vers le Prophète, une aspiration à lui vécue quotidiennement par son imitation et son rappel au moyen de la prière pour lui.

Ce Mawlid qui se situe sur un plan supérieur au précédent est contemplation (mushâhada) du Prophète (saw).

Le Mawlid de l'élite de l'élite (khâssatul khâs) est réalisation unitive du Prophète (saw). Il est extinction dans sa Réalité Archétypique (haqîqa) qui procède de l'alchimie spirituelle qu'offre le parcours dans la voie sous la direction d'un maître spécial investi de cette autorité. Cette élite vit, sent, parle et agit par le Prophète (saw) dont elle perpétue la manifestation dans l'ordre créaturel. Elle ne reçoit pas de messages à révéler puisque le cycle de la prophétie est clos, mais elle se déploie dans la Sainteté, Epiphanie de la Prophétie.

Au fond, et sous un certain rapport, la Sainteté est la révélation de la Prophétie, son message consubstantiel, son contenu sous-jacent. L'homme devient viciaire du moment qu'il se mue en réceptacle de cette sainteté et l'exprime ; voilà ce que réalise l'élite de l'élite dont l'être est l'isthme (barzaq) entre les deux mondes, entre l'extérieur (zâhir) et l'intérieur (bâtin), entre l'exotérisme (sharia) et la vérité essentielle (haqiqa). Son cour est le siège de la royauté divine (malakût), car Dieu y réside conformément à ce hadith qudsî : « ni la terre, ni les cieux ne peuvent me contenir, mais le cour du croyant le peut ».

Cette élite est au même moment tournée vers les réalités intérieures et celles du monde et de ses exigences, dans une dialectique dont elle a la maîtrise. Elle possède le monde, mais n'est pas possédée par celui-ci, elle vit dans une sérénité et une béatitude totale, irradie autour d'elle l'amour, la paix, la joie dans un élan de générosité désintéressée dont rien ne peut entraver le déploiement.

C'est cette élite qui est morte de la mort spirituelle précédant la mort physique, comme il ressort de l'injonction prophétique : « mourez avant de mourir ». Cette mort qui lui permet sous l'effet de la bonté divine d'entrer dans le paradis de la présence prophétique, dès la vie terrestre ; paradis sans commune mesure avec celui promis après la mort physique.

Cette élite de facto, ne connaîtra ni les peurs, ni les affres de la vie qu'elle a vaincues, ni la traversée du pont sirât, ni le jugement dernier. Toute la vie de cette élite se passe dans la submersion, dans la béatitude prophétique par l'effet même de cette sublime réalisation.

Réaliser le Prophète (saw), telle est la quintessence du Mawlid, privilège de l'élite de l'élite.

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