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L'intérêt du Compagnonage avec Baye

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  L'œil éteint de l'homme déchu ne perçoit plus l'univers magistère (malakût) à cause d'une idolâtrie subtile qui s'est imposée par le fait de l'érection de l'ego en divin potentat.

Nécessité d'une réorientation du regard

Si nous sommes à quelque égard, insatisfaits de cette vie, c'est parce qu'il y a dans notre manière habituelle de vivre quelque chose qui nous prive de liberté au sens le plus sacré.
Nous devons nous évertuer, à trouver quelque autre manière qui nous donne un sentiment de réalisation et de plénitude, à acquérir un nouveau point de vue d'où la vie prendra un aspect plus frais, plus profond et plus satisfaisant. Il y'a en substance, nécessité de se déplacer dans un nouvel angle de vision sur la vie et les choses.
Baye NIASS (RA) représente dans le cénacle des hiérarques de la religion et de la spiritualité une personnalité fort intéressante dont l'école offre la possibilité de s'imprégner à fond du Taçawwuf (Soufisme) qui est la révélation intérieure de l'Islam. De plus, ce Taçawwuf permet une réorientation du regard, son éducation qui permet de forger dans le moule de la sublime vérité. Son école, profondément enracinée dans le Coran et la Sunna du Prophète (SAW) donne une place privilégiée à la Tarbiya (Education spirituelle) dont la clef de voûte est le respect de la charia et le zikr (l'invocation).

Zikr de la langue (lisân), zikr du cœur (qalbu) et zikr du for interieur (sirru)

Le zikr consiste à se libérer de la négligence (ghafla) et de l'oubli (à l'égard de Dieu) au moyen de la présence permanente du cœur avec le Vrai (Al Haqq).

Le point de départ est le zikr par la langue qui est la prononciation littérale. Le pratiquant de ce zikr, s'il s'efforce consciemment à actualiser le sens de l'oraison, réalise le zikr du cœur (qui lui permet de se mettre en accord avec ce qui est récité). Le zikr sans la présence du cœur n'est qu'une fantasmagorie. Au fur et à mesure que le zikr du cœur se consolide, le zikr intime qui est communion avec le nommé se réalise : tel est le but poursuivi dans l'invocation.

La connaissance unitive

La tarbiya débouche ainsi sur la connaissance de Dieu dans sa Transcendance et son Immanence, place le disciple sur une trajectoire qui lui permet l'exercice des puissances de l'intellect afin de le conduire à de hautes connaissances.

Cette science est aussi la connaissance de Dieu rendue possible par la connaissance de soi. Le Prophète (SAS) a dit: « Celui qui se connaît, connaît son Seigneur ». Cette connaissance de Dieu justifie la création telle que l'exprime cette tradition sanctissime (hadith qudsî) : « J'étais un trésor caché, jamais connu. Je voulus être connu ; alors Je créai l'Univers. » Cette impérieuse exigence de connaissance de Dieu apparaît dans une autre tradition sanctissime (hadith qudsî) : « Connaissez-moi avant de m'adorer, car si vous ne me connaissez pas comment pourriez-vous m'adorer ? » Allah dit dans le Coran : « Je n'ai créé les hommes et les djinns que pour qu'ils m'adorent. » (51,56). Ibn 'Abbâs explique que : pour qu'ils m'adorent signifie pour qu'ils me connaissent.

Cette connaissance de Dieu est plus qu'une connaissance théorique ? C'est un savoir expérientiel où Dieu se révèle comme sujet absolu parce qu'en vérité et en son essence, Il ne peut jamais être un objet; un objet sur lequel un philosophe, un théologien et autres délibèreraient. Cette connaissance est une métamorphose intérieure qui consiste à franchir la distance qui sépare la connaissance théorique et la certitude de la connaissance personnellement réalisée et vécue : C'est cela l'accès à Dieu à la réalisation duquel toute réalité supposée autre que Lui périt, conformément à ce verset : « tout périt sauf Sa Face. » (88,28) La création devient ipso facto spirituellement transparente au point que celui qui réalise cette certitude perçoit Dieu où qu'il se tourne. Le Coran l'affirme en ces termes: « Où que vous vous tourniez, est la Face de Dieu.» (2, 115)

Connaissance unitive et métamorphose de soi

Cette connaissance est une expérience mystique que permet la gnose (ma'rifat). Elle ne reste jamais à l'état de connaissance théorique ; c'est une connaissance salvatrice et cela, parce qu'elle engage l'homme spirituel, l'homme intérieur sur la voie de la délivrance et du salut. Cette connaissance est le voyage qui va du monde créaturel vers Dieu.
Cette montée vers Dieu, réalisée, il s'effectue le parcours mental inverse qui est une redescente vers le monde créaturel par Dieu (Baqâ). Il y a désormais simultanéité entre la fusion unitive et la séparation distinctive de sorte que l'œil de la vision intérieure contemple l'unité dans la multitude des formes, dans la vision même de l'unité.
Il se produit de ce fait une transformation de soi-même, une métamorphose intérieure qui consiste à franchir toute la distance qui sépare la certitude de la connaissance théorique (ilmul yaqîn), et la certitude de la connaissance personnellement réalisée et vécue (haqqul yaqin) tant qu'il y a un moi retiré en son égoïté et en face de lui un être divin abstrait, retire en son incognoscibilité (le fait qu'il soit inconnu), il ne peut y avoir une véritable connaissance de cet être, celle-ci (la connaissance de l'être divin) n'est possible que par le mystère de l'épiphanie qui substitue le sujet primitif (l'homme aspirant à la connaissance divine) par le sujet absolu (Dieu) qu'il essayait d'intelliger car en réalité Dieu ne peut être connu que par Lui comme sujet absolu, parce que, en Sa vérité et en Son Essence, il ne peut jamais être un objet sur lequel on délibère ; que ce soit en historien, en philosophe voire en théologien.

Sous un autre rapport, la connaissance éprouvée de Dieu est un voyage intérieur qui permet des passages à trois niveaux de certitude :
- Le premier niveau est celui de la certitude théorique (ilmul yaqîn), c'est par exemple, avoir entendu parler du feu sans jamais l'avoir vu.
- Le deuxième niveau est celui de la certitude du témoin oculaire ('aynul yaqîn) ; c'est voir le feu de ses propres yeux et comprendre personnellement ce que c'est que le feu.
- Le troisième niveau est la certitude personnellement et gnostiquement vécue et réalisée (haqqul yaqîn) : c'est être soi-même le feu, ou être brûlé par le feu au point que lui seul subsiste.
C'est par ce troisième niveau que la prononciation de la Shahâda devient non plus une formule lapidaire récitée dans l'ignorance de son contenu réel, mais un témoignage sincère énoncé en toute connaissance. Ce sont ceux de ce niveau qui sont en réalité les seuls exempt du pêché que Dieu abhorre le plus, le pêché d'associationnisme.

Particularité de l'Ecole de Baye

Au-delà de la connaissance de Dieu qui n'est plus que l'apanage de certaines voies Soufies, l'école de Baye offre en plus l'exclusive particularité d'initier à la connaissance des Qualités divines (Çifât), de Noms (Asmâ) et des Actes (Af'âl). Elle donne la possibilité d'accéder à la connaissance parfaite du Prophète (SAW) depuis son secret (sirru) occulté dans la quiddité divine (Hâhût), jusqu'à sa réalité terrestre (nâsût). Elle permet l'accès à la connaissance du Prophète (SAW), dans sa dignité supra humaine et supra temporelle, cristallisée dans la réalité de Muhammadu Rassûlul-Lâhi qui préexiste à la manifestation et subsiste après l'occultation de Muhammad Ibn 'Abdallâh. Cette réalisation suscite un amour ardent et passionné de Lui, de sorte qu'il devient perceptible qu'il est la manifestation, le grand voile (hijâbul a'zam) placé entre Dieu et la Création ; l'isthme sans lieu (barzakh) entre l'intérieur (bâtin) et l'extérieur (zâhir), entre Dieu et les créatures. Son ubiquité et son omniprésence ne souffre d'aucune conjoncture sinon aucun orant dans la récitation du Tachahud ne prononcerait la formule « Assalâmu 'alayka ayyuhân-Nabiyyu... » (Salue sur Toi, ô Prophète...). Le pronom Ka en arabe traduit une actualité, une contemporanéité, une présence mais jamais une absence de l'interlocuteur.

Les Connaissants par Dieu ('ârifûna bi-Lâh)

Celui qui a accédé à la connaissance unitive de Dieu dans a Transcendance (tanzîh) et son Immanence (tashbîh) est investi du titre de 'Arif bil-Lah (gnostique, connaissant par Dieu) pour qui les choses sont spirituellement transparentes en sorte qu'il voit Dieu en toute chose. En toute chose, il contemple la Beauté divine (jamâl) dont elle est le reflet. Il est celui qui communie avec le divin par le biais de l'intuition et de la contemplation, qui voit et vit les choses en Dieu. Le connaissant par Dieu est passé de l'état d'homme déchu à celui d'homme théomorphe, a franchi en ce monde le seuil de la mort initiatique. Pour lui, l'au-delà n'est pas ailleurs qu'ici et les promesses divines s'accomplissent dans l'éternel présent. Il est favorisé par Dieu d'une inspiration particulière.
La station des gnostiques est celles des rapprochés (muqarrabûn) et des esseulés (afrâd). Dans cette station, l'être humain rejoint le plérôme suprême d'une science par-devers Dieu ('ilmu ladunniy) pour laquelle Il dit à propos de son serviteur Khadir : « nous lui avons donné une miséricorde d'auprès de Nous et nous lui avons enseigné par devers Nous une science » (18, 65). Ils ne seront point atteints par le foudroîment qui frappera les esprits le jour de la résurrection conformément à ce verset : « Et on soufflera dans la Trompe, et voilà que ceux qui seront dans les cieux et ceux qui seront sur la terre seront foudroyés, sauf ceux qu'Allah voudra [épargner]. » (39, 68)

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